La restauration de la phase 3 pose-t-elle un danger?
La phase 2 n’a pas été précédée d’un examen approfondi. Aucun dossier n’a été communiqué au comité national. L’étendue des ‘surpeints’ (avec les questions : faut-il les enlever ? les garder ?) n’a pas fait l’objet de schémas précis par les restaurateurs, qui ont pris des initiatives et des décisions importantes sans consultations adéquates. Les restaurateurs ont daté un surpeint de manière abusive vu qu’aucune méthode de laboratoire ne permet une datation aussi précise (16e siècle). La datation s’est faite visuellement: une «apparence granuleuse, comparable à ce qu’on avait vu dans la phase 1»… Le surpeint qu’on a enlevé s’étend sur une vaste surface (près d’un quart du panneau de l’Adoration). Les restaurateurs le caractérisent comme «une couche stratigraphique continue», mais on peut suggérer que la réalité est bien plus complexe. Les résultats du grattage ont obligé les restaurateurs de continuer leur travail sur toute la zone en question. Les restaurateurs concluent en affirmant qu’il fallait enlever ces ‘surpeints du 16e siècle’ avant d’étudier l’œuvre sous le rapport des attributions respectives à Hubert ou à Jan. L’examen approfondi a eu lieu après la restauration, lorsque les restaurateurs, concluant à la complexité imprévue de la situation de l’Adoration, introduisent la demande d’une année supplémentaire pour étudier l’œuvre et préparer leur rapport et la publication.
Aux yeux du public la datation du surpeint (16e s) justifie le grattage et pour les restaurateurs elle évacue le problème: étant du 16e s, le surpeint ne pouvait pas être peint par Van Eyck! Le problème: la datation n’est pas justifiée, et la couche enlevée était selon toute probabilité pour une grande part de la main de Jan Van Eyck, de plus belle qualité et en meilleur état que celle qu’on observe aujourd’hui. Beaucoup de questions se posent donc concernant la méthodologie adoptée.